La jeune femme ne s'était pas attendue à ce que son camarade vienne la rejoindre. Et encore moins à ce qu'il la prenne contre lui de cette manière. Apparemment, il avait arrêté de se poser des questions. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Elle ne saurait pas répondre à la question, et à vraie dire elle ne voulait pas s'y attarder. Pourquoi le ferait-elle ? Il avait raison après tout, il était certes jeune mais il savait ce qu'il faisait. Du moins l'espérait-elle.

Elle ne bougea donc pas lorsqu'il lui offrit un baiser sur la joue. Sa peau était brûlante, elle adorait la sentir contre la sienne, aussi froide que de la porcelaine. Elle le sentit sourire contre son épiderme. Elle faillit faire de même. Mais ses yeux trahissaient déjà bien assez ce qu'elle ressentait. Ses joues rosirent cependant légèrement. Elle n'avait plus eu de contacts de ce genre avec un homme depuis quelques temps déjà. Depuis qu'elle avait rompu avec Stephe. Enfin tout cela pour dire que cela lui faisait bien étrange que quelqu'un la prenne dans ses bras. Et que cette personne soit Ron autre qu'en toute amitié avait de quoi la troubler encore plus.

Elle se tourna vers lui. Elle plongea son regard doré dans le sien. Elle adorait ses yeux brillants doucement à la lueur du feu. Elle ne fit pas un geste de plus, ne voulant pas le brusque. Elle le laisserait faire ce qu'il souhaitait sans lui imposer quoi que ce soit.

Étrangement, alors qu'ils se tenaient tous les deux face à face, dans les bras l'un de l'autre, les souvenirs de leur première rencontre remontèrent effleurer l'esprit de la demoiselle. Ils s'étaient de suite bien entendu. Ils ne s'étaient jamais rien cachés, du moins en excluant le fait que Iseult soit une Mangemort des plus fidèle au Seigneur Noir. Ils avaient été proches, mais jamais autant que durant cet instant. L'atmosphère qui les entourait était étrange. Électrique.

C'était comme si leurs magies les entouraient tous les deux et se mêlaient pour former une sorte de barrière contre le monde extérieur. Elle ne savait pas si elle trouvait bien ou mal. Rassurant ou gênant. Elle ne bougea pas, son contentant de regarder le jeune homme roux droit dans les yeux. Elle imaginait déjà la tête de Molly Weasley si elle apprenait que son fils fricotait avec une Mangemort. Et Harry Potter et Hermione Granger n'allaient sans doute pas être mieux. Sirius Black, Remus Lupin, elle allait tous se les mettre à dos. Mais peu importe. Elle n'avait pas peur d'eux. Pourquoi les craindrait-elle de toute manière ? Et puis elle n'avait rien fait. Elle attendait de voir ce que Ron voulait vraiment. Elle ne savait pas comment la soirée allait se terminer. Sur un sommeil réparateur. Ou alors sur des remords.

"Pourvu que ce ne soit pas la dernière solution pour Ronald..."

Elle ne voulait pas que cette soirée laisse dans la bouche de son ami un gout amère.

La jeune femme regarda son ami qui réfléchissait visiblement beaucoup pour un Gryffondor. Pas que les élèves de cette Maison soient des idiots, loin e là, mais ils étaient plus connus pour agir sans vraiment peser le pour et le contre avant. Alors en voir un, en particulier Ron, se prendre autant le chou, c'était un peu effrayant. Que pouvait-il bien se raconter tout seul ? Oui, ça faisait peur. Iseult était peut-être allée un peu loin en l'embrassant et en lui disant ce qu'elle pensait de la sorte. Après tout elle avait vingt ans, Ron en avait cinq de moins. Elle était chez les Mangemorts, lui dans l'Ordre. Ils étaient aussi différents que le jour et la nuit. Lui était un soleil lui brillait de mille feux, elle la lune, blanche et froide, qui éclairait la nuit noire.

Elle pensait dur comme fer qu'il allait s'en aller en lui disant qu'il lui fallait du temps. Pour finalement ne plus le revoir. Alors, lorsqu'il posa de nouveau ses lèvres chaudes sur les siennes, elle ouvrit grand les yeux d'étonnement. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il l'embrasse de nouveau. Elle ferma doucement les yeux sous cette douce sensation. Pourquoi le faisait-il ? Il en avait sans doute envie, sinon il n'aurait rien fait, c'était logique. Mais que pensait-il de cela ? De leur relation ? Y avait-il seulement songé ? Elle se doutait que non, qu'il avait arrêté de réfléchir pour seulement agir. Après tout, les longs discours viendraient plus tard.

Elle se serra doucement contre le jeune homme. Sa poitrine se colla contre son torse nue, la fine épaisseur de la soie les séparant juste. Elle passa ses bras nus autour de son cou pour se rapprocher le plus de lui, glissant ses doigts fins dans les cheveux roux. Ses joues virèrent très légèrement au rose alors que ses paupières se baissaient. Tous ses autres sens étaient en éveil. Elle entendait le crépitement du feu près d'eux. Elle sentait la textures des mèches sous ses doigts. L'odeur de son camarade lui envahissait les narines. Et elle goûtait une nouvelle fois à ses lèvres.

Elle aurait pu rester des heures dans cette position. Elle n'avait plus embrassé d'homme depuis un moment et ce baiser, lorsqu'il se brisa, eut un goût de trop peu. Le souffle court, elle ouvrit de nouveau les yeux pour fixer Ron. Son coeur battait la chamade. Elle n'avait pas eu cette sensation de vivre depuis des années. L'avait-elle seulement connu un jour en fait ?

- Es-tu certain de toi ?

Sa question n'avait été qu'un doux murmure par-dessus le bruit du bois dans la cheminée.

Faire une erreur. Son coeur se serra doucement. Peut-être était-il en train d'en faire une en effet. Ils n'étaient pas fait pour être ensemble tous les deux. Mais Salazar que c'était bien de se serrer dans ses bras forts. La jeune femme ne voulait pas tirer une trait sur leur histoire quelle qu'elle soit. Elle souhaitait vivre ces moments intensément, sans se prendre le chou avec des questions existentielles. Elle allait devoir rendre des comptes à Voldemort car elle allait louper une réunion, elle être obligée d'expliquer pourquoi elle se trouvait avec le jeune Gryffondor au bal car Bellatrix allait cafter pour avoir le beau rôle. Mais elle n'avait pas peur, elle ne compter pas se laisser faire. De toute manière, la Lestrange n'allait pas commencer à l'effrayer maintenant avec ses petits coups en douce.

Elle se doutait que, pour Ron, c'était difficile de se trouver dans cette situation. Cacher une amitié avec elle à ses meilleurs amis, cela passait encore, mais pas une relation plus poussée. La demoiselle comprenait parfaitement qu'il préfère s'arrêter là. Elle décida de le guider doucement durant cette nuit afin qu'il ne regrette rien, cependant elle ne pouvait pas s'empêcher de penser que cette nuit allait être leur seule. Et que, peut-être, au matin, ils se sépareraient pour toujours.

En attendant, elle ne voulait pas penser plus à ce genre d'idée qui lui faisait froid dans le dos. Elle se pencha en avant pour l'embrasser de nouveau tendrement. Elle ne préférait pas le brusquer, et puis elle n'était pas aussi expérimentée que certaines femmes Mangemorts. Comment cela elle pensait à Bellatrix ? Oui... Elle brisa le baiser qui n'avait duré que quelques secondes, plongeant son regard rassurant dans celui du jeune homme.

- Détends toi alors, et profite de cette erreur...

Elle n'avait pas dis cela pour qu'il culpabilise, loin de là. Elle reprenait simplement ses mots pour s'exprimer comme lui. Ses yeux souriaient tendrement pour elle, elle posa une de ses mains sur son torse. Sa peau était toujours aussi chaude. Une peau contre laquelle elle voulait se blottir. Se serrer. Au moins pour cette nuit.

Les souffles courts. Et chauds. Tellement brûlants que même les flammes des Enfers n'auraient pu faire mieux. Deux coeur et deux corps portés par un seul et même désir. Iseult et Ron n'étaient plus une Mangemort et un membre de l'Ordre du Phénix, ils étaient juste deux jeunes personnes qui se laissaient aller à un plaisir qui leur semblait défendu. Pourquoi tous les deux ne pouvaient-ils pas être ensemble et profiter d'un moment rien qu'à eux ? Loin de la guerre, loin des morts et du sang. Des cris de douleur et d'agonie qui faisait trembler la jeune femme dans les plus profonds de ses rêves. Qui fauchait les compagnons du jeune homme sur les champs de bataille.

Alors cette nuit, ils profitaient. Ils prenaient, dans un geste complètement puéril et égoïste. Ils ne se souciaient plus de personne. Envolés Harry Potter, Hermione Granger, Bellatrix Lestrange, Lucius Malefoy, Theodore Nott et tous les autres. Bye bye. Ils les oubliaient le temps de ces quelques heures durant lesquelles ils se perdaient dans les bras l'un de l'autre.

Ces quelques heures durant lesquelles la jeune femme perdit pieds. C'était sans doute la méthode la plus efficace pour s'effacer du monde réel. Certes pas la plus simple. Loin de regretter tous ses gestes envers Ron, la demoiselle mit au contraire tout son savoir pour le guider le mieux qu'elle pouvait. Elle n'était pas la femme la plus expérimentée du monde, c'était certain, mais elle fit de son mieux pour que son tendre ami ne se laisse pas dépasser par les évènements, qu'il soit serein et qu'il ne se prenne pas la tête en questions inutiles pour le moment. Elle réussit plutôt bien sa mission d'ailleurs, du moins l'espérait-elle. Elle n'avait pas connu le corps d'un homme contre le sien depuis un long moment, elle avait eu peur de ne pas être à la hauteur. Mais, au fur et à mesure des minutes, tous ses réflexes lui revenaient naturellement. Et a chambre fut baignée de leurs soupirs à tous les deux et du froissement des draps.

A la fin de leurs ébats, la jeune femme, le souffle court, se laissa tomber sur le matelas, les yeux fermés. Le feu crépitait encore doucement mais le temps ayant fait son oeuvre, les bûches étaient toutes presque consumées. Les cheveux détachés formaient autour du visage de la Mangemort comme une auréole qui aurait, pour un temps, oublié qu'elle était le diable en personne. Sa marque la brûlait. Voldemort l'appelait. Mais elle n'avait pas envie de répondre. Une de ses mains glissée dans les cheveux roux de son compagnon, elle reprit doucement sa respiration, allongée sur le lit. L'air de la Salle sur Demande s'était légèrement refroidi. Mais son corps, lui, était toujours brûlant.

Iseult était allongée sur le dos et caressait une main les cheveux roux de son jeune amant. Elle se sentait sereine, bien qu'à bout de souffle. Elle reprenait tranquillement sa respiration lorsque son compagnon prit la parole pour lui dire des mots qu'elle fut touchée d'entendre. Que ce n'était pas une erreur. Elle fut étrangement soulagée lorsqu'il le lui annonça. Elle avait eu peur, à juste titre ou à défaut allez savoir, qu'il regrette de suite ce qu'ils avaient fait. Cela changeait-il quelque chose à leur relation ? La question était un peu trop dérangeante pour être posée.

Elle ne voulait d'ailleurs pas s'en poser ce soir, des questions. Il leur restait quelques heures à peine avant que le soleil ne se lève pour effacer cette nuit qui ne resterait que dans leur mémoire. C'était un peu triste de se dire cela mais de toute manière, ce genre de moment ne pouvait qu'être éphémère. Cela ne le rendait que plus beau. Alors que son ami gardait le silence, la jeune femme décida de prendre la parole d'une voix légèrement enrouée par ses gémissements précédents et basse, comme pour éviter de brisant un instant trop précieux.

- Je suis heureuse si tu ne regrettes rien. Dis-toi que c'est un autre de nos petits secrets, et que si jamais Harry Potter apprend que tu es ami avec Bloody Doll, tu es un homme mort !

Une phrase dite à la base sur le ton de la plaisanterie n'avait jamais sonné si vrai. Elle savait pertinemment que Ron devrait un jour choisir, et elle savait aussi qu'il ferait le bon choix. Qu'il se tournerait vers ses amis qui lui avaient tout donné et envers qui il resterait fidèle pour le reste de sa vie. Ou au moins jusqu'à la fin de la guerre. Et il avait bien raison. Plusieurs fois, Iseult avait fixé quelques secondes Harry Potter droit dans les yeux, en cours de potion. Bien entendu, le Survivant ne savait d'elle seulement les informations de base : Iseult Doran, étudiante en potion à l'Université de Sorcellerie de Londres, assistante du professeur Severus Rogue.

S'il savait qui elle était vraiment, il lui aurait déjà sauté à la gorge. Pour s'excuser de sa blague on ne peut plus nulle, la demoiselle tourna son visage vers celui de Ron, le regard navré. Elle hésita une seconde avant d'effleurer doucement ses lèvres des siennes. Après ce qu'ils venaient de faire, un simple baiser n'allai pas changer grand chose.

- Reste comme tu es Ronald, ne change pas tu es parfait ainsi, murmura-t-elle doucement.